Installer la fibre est devenu un prérequis pour les entreprises : c’est une condition de performance. Dans l’immobilier professionnel, elle influence autant la productivité des locataires que l’attractivité du bâtiment. Pourtant, entre FTTH Pro, FTTO et fibre dédiée, les différences semblent parfois subtiles. Et c’est justement ce flou qui entraîne des erreurs de choix, souvent coûteuses à long terme.
Définitions & architectures
Derrière ces sigles, trois architectures très différentes cohabitent. La FTTH Pro (Fiber To The Home Professionnel) partage son infrastructure avec d’autres utilisateurs. Elle reprend la trame du réseau grand public, mais avec quelques garanties supplémentaires. C’est une solution économique, efficace pour les structures de taille modeste ou les locataires d’espaces de coworking.
La FTTO (Fiber To The Office), elle, se distingue par une architecture point-à-point. Le lien part directement du nœud opérateur vers les bureaux de l’entreprise, sans mutualisation avec le voisinage immédiat. Résultat : un flux plus stable, plus prévisible et une symétrie réelle des débits.
Quant à la fibre dédiée, elle représente le niveau supérieur. Chaque liaison est construite sur mesure, isolée du reste du réseau et connectée directement au backbone de l’opérateur. Aucune concurrence sur la bande passante, aucune variation : la liaison est entièrement dédiée à l’entreprise.
Dans un immeuble tertiaire, cette distinction est cruciale. Là où la FTTH Pro peut suffire à un cabinet de conseil de cinq personnes, une société qui gère un data-center, un plateau de gestion locative ou un call center aura tout intérêt à opter pour une infrastructure dédiée, synonyme de continuité d’activité.
Critères : débit, latence, symétrie
Beaucoup se fient uniquement au débit annoncé. Pourtant, ce chiffre ne raconte pas toute l’histoire. Une connexion FTTH Pro peut afficher un gigabit en téléchargement, mais cette vitesse dépend des usages voisins. À certaines heures, la bande passante réelle chute.
- FTTH Pro : débit élevé mais non garanti, partagé avec d’autres utilisateurs du réseau.
- FTTO : lien symétrique et stable, conçu pour un usage professionnel régulier.
- Fibre dédiée : bande passante exclusive, symétrie parfaite et latence minimale.
Avec une FTTO, le débit reste constant et symétrique. L’envoi et la réception de données s’effectuent à la même vitesse, un atout décisif pour les entreprises qui travaillent en cloud, partagent des fichiers lourds ou hébergent des outils internes. La fibre dédiée va encore plus loin, combinant des débits jusqu’à 10 Gbit/s avec une latence quasi nulle.
SLA & GTR comparés
C’est souvent le critère oublié, alors qu’il devrait figurer tout en haut de la liste : les garanties de service (SLA) et la GTR (Garantie de Temps de Rétablissement).
Une panne sur une FTTH Pro relève du « best effort ». L’opérateur intervient quand il le peut, sans délai contractuel. Dans un environnement résidentiel, ce n’est pas dramatique ; dans une entreprise, une journée d’arrêt suffit à bloquer un service entier.
La FTTO améliore nettement le tableau, avec des délais de rétablissement autour de huit heures ouvrées et un support prioritaire. Pour beaucoup de PME ou de gestionnaires immobiliers, ce niveau de fiabilité reste satisfaisant.
Mais la fibre dédiée joue dans une autre catégorie. Les opérateurs garantissent un rétablissement en quatre heures, parfois deux, avec supervision continue et SLA précis sur la disponibilité (souvent supérieure à 99,9 %). En clair : un problème est détecté, corrigé et clos avant même que les utilisateurs n’aient le temps de décrocher leur téléphone.
Coûts : installation & mensuel
Les différences de coût reflètent logiquement ces niveaux de service. Une FTTH Pro reste imbattable sur le plan budgétaire, souvent entre 30 et 80 € par mois. L’installation, peu complexe, s’intègre facilement à un réseau existant.
La FTTO représente un investissement plus conséquent, généralement 200 à 400 € mensuels, avec un coût de mise en service variant selon la distance au réseau opérateur.
Enfin, la fibre dédiée demande un budget de 400 à 1000 € par mois, et parfois plusieurs milliers d’euros pour le raccordement initial. Mais cet investissement se justifie dès lors que la connectivité devient critique : un simple incident sur une ligne FTTH peut coûter bien plus cher en productivité perdue.
Certaines entreprises adoptent d’ailleurs une stratégie hybride : une fibre FTTO principale et une FTTH Pro de secours. Cette combinaison réduit les risques sans exploser les coûts, tout en assurant une continuité d’activité quasi permanente.
Recommandations & matrice de décision
Le choix idéal dépend donc du profil de l’entreprise, du site et du niveau d’exigence. Une start-up de cinq personnes dans un espace partagé n’a pas les mêmes besoins qu’un centre logistique interconnecté ou qu’un siège social de 300 collaborateurs.
Dans la majorité des immeubles de bureaux modernes, la FTTO s’impose comme le juste milieu. Elle offre un service professionnel, des débits symétriques et une vraie fiabilité sans nécessiter d’investissement lourd.
La fibre dédiée, elle, devient incontournable dès que le bâtiment héberge des activités critiques : supervision énergétique, plateformes SaaS internes, sauvegardes externalisées ou call centers. Elle garantit une connectivité constante, élément clé pour préserver la valeur opérationnelle du site.
Et dans le cas d’actifs multi-locataires, anticiper ce besoin permet aussi de valoriser le patrimoine immobilier. Un immeuble fibré avec des accès professionnels, bien dimensionnés et supervisés, se loue plus facilement à des entreprises technologiques ou financières.
Choisir la bonne fibre pour son entreprise
Choisir entre FTTO, FTTH Pro et fibre dédiée, ce n’est pas seulement comparer des débits : c’est réfléchir à la résilience numérique d’une entreprise.
La FTTH Pro rend service aux petites structures. La FTTO séduit les sociétés en croissance qui recherchent un équilibre entre coût et performance. Quant à la fibre dédiée, elle s’impose là où la connexion ne peut plus tomber en panne.
Dans un monde où les flux de données deviennent le carburant de chaque activité, la fibre n’est plus un simple câble : c’est l’ossature invisible de la compétitivité.
