Baromètre 2021 - interview Grégory Ortiz

Entretien vidéo avec Grégory Ortiz

Interviews et tournages réalisés dans les respect des règles sanitaires avant la cinquième "vague épidémique" de Covid-19


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Retranscription interview

Elisa Givaudan | Bonjour Grégory, merci de nous accueillir aujourd'hui chez Startway. Est-ce que vous pouvez commencer par vous présenter un petit peu, présenter Startway, votre typologie d'utilisateurs ?

Grégory Ortiz | Startway, c'est une histoire d'entrepreneurs qui a démarré en 2008. Donc nous sommes aujourd'hui 3 associés et nous avons eu à l'époque 2 visions. Une première vision était de proposer des solutions immobilières flexibles pour les entrepreneurs et les créateurs qui ne trouvaient pas de solutions immobilières sans se mettre en risque financier. Et la deuxième vision que nous avions eue, c'était de commencer à proposer des solutions dites en tiers-lieux pour des salariés partants du constat ou de télétravail, terme qui est revenu à l'actualité. Le constat étant que les salariés sortaient des centres villes pour se loger et qu'ils allaient s'éloigner des sièges sociaux et qu'une solution tierce allait avoir sa place. Et plutôt en banlieue parisienne, sur des villes comme Arcueil, Cachan, Montrouge, Kremlin-Bicêtre, Montreuil. Et puis, en 2015, persuadés d'une profondeur de marché que la flexibilité allait rentrer au cœur des modèles des entreprises, en tout cas, la flexibilité immobilière et une volonté d'être présents, surtout en régions, et pas qu'à Paris, y compris dans les quartiers. Et aujourd'hui, écoutez, 13 ans après le début de l'histoire et après un COVID, on a un modèle qui s'est fortement enrichi. C'est que l'ensemble des entreprises aujourd'hui nous consultent. Pas que les entrepreneurs au démarrage, mais la PME, le très grand groupe, les administrations, le groupe La Poste et nous voilà aujourd'hui au moment où je vous parle avec 35 lieux en France, ce qui fait de Startway le premier réseau de coworking français en termes de maillage territorial.

Elisa Givaudan | Si on vient un petit peu sur l'actualité qu’a engendré la crise du COVID sur votre cœur de métier ?

Grégory Ortiz | On a inévitablement eu des départs de clients. Par contre, on a accompagné pas mal d'entreprises pour éviter aussi qu'elles soient en difficultés financières. On a eu une forte activité pendant le confinement, à la fin du premier confinement. Beaucoup d'entreprises très impactées par le COVID et de leur organisation et sur leur visibilité en termes de croissance ou décroissance d'effectifs sont venues se rapprocher du secteur du coworking pour comprendre qui on était, comment on fonctionnait, comment elles pouvaient intégrer le coworking dans leurs stratégies immobilières. Et on a une accélération par contre des signatures depuis le mois de septembre. On a une accélération de l'histoire. En fait, ça a été l'impact positif du COVID et on a ressorti nos offres de télétravail d’il y a une dizaine d'années.

Elisa Givaudan | Est-ce qu'on peut dire, du coup, que la crise sanitaire vous a permis d'attirer un nouveau public dans vos centres de co-working ?

Grégory Ortiz | Alors, ça nous a permis pas un nouveau public, mais ça a conforté le poids d'un certain nombre d'entreprises. Je pense notamment aux PME et aux grands groupes qui n'étaient pas forcément familiarisés avec ce mode de gestion ou ce mode d'immobilier. On a de plus en plus de grands groupes qui viennent nous voir. Ça, c'est la grosse tendance. Comment j'intègre de la flexibilité dans mon immobilier d'une façon générale ?  

Elisa Givaudan | Diriez-vous que le coworking soit la solution idéale sur le long terme pour répondre à toutes ces problématiques, toutes ces questions qui ont été engendrées par la crise du COVID 19 ?

Grégory Ortiz | Sur les discussions que nous avons avec les grandes entreprises et administrations et les foncières, c'est en tout cas une tendance de fond, je pense, qui est en train de s'installer. Je pense que ça va faire partie, en tout cas, d'un des éléments de la stratégie immobilière des entreprises. Mais tout ne sera pas coworking. Tous les clients ne sont pas forcément faits pour le coworking.  

Elisa Givaudan | Est-ce que vous avez la même typologie d'utilisateurs à Paris, en région, dans les grandes villes, dans les villes moyennes ?

Grégory Ortiz | Vous n'allez pas avoir les mêmes demandes en régions qu'à Paris. C’est-à-dire que les demandes parisiennes sont aujourd'hui plus conséquentes en termes de nombre de postes de travail. Par contre, vous allez avoir des grands groupes qui recherchent des solutions flexibles en régions. Ça, oui, ça s'accélère. On a de plus en plus de, on va appeler ça des télétravailleurs, ou en tout cas des salariés qui, dans le cadre d'accords de télétravail de deux ou trois jours par semaine, ont dit à leur entreprise : “Je vais travailler une journée à la maison. Par contre, je veux un lieu de travail pendant deux jours. Le reste, je vais venir au siège.” Et donc on a toute cette population-là, et notamment des parisiens qui se sont... L’exode, on l'a constaté en tout cas. Je pense à notre site d'Arcachon qui a ouvert cet été, de Marseille ou de Nice. On a eu beaucoup de clients parisiens qui sont allés sur ces villes-là, et à Bordeaux aussi, à Haillan, près de Bordeaux. Ça, ça a été une tendance de fond et qui se confirme même après, on va dire, le mois de septembre.

Elisa Givaudan | Et selon vous, quelle place va occuper les régions dans cette nouvelle organisation des entreprises ?

Grégory Ortiz | Ça, c'est une question qui me plaît, pour le coup. Pourquoi cette question me plaît ? Parce que ça a été notre vision. On a fait le pari des régions. On est allés à contre-courant de ce marché où tous les acteurs du coworking allaient dans les quartiers centraux des affaires de Paris, voire lyonnais. Nous, on s'est dit : “On va aller en régions”, on est allés en régions, persuadés d'une interopérabilité, c'est-à-dire de permettre à n'importe quel salarié de pouvoir travailler à n'importe quel endroit. Après, on est allés en régions pour des questions un peu plus politiques qui est d'aménagement du territoire, qui est de se dire il n'y a pas de raison que les conditions de travail qu'on trouve à Paris, on les trouve pas en régions. Et bien nous en a pris pour le coup. Parce que pendant le COVID, les régions se sont beaucoup mieux portées que Paris. Les sites que nous avons ouverts pendant le COVID en régions se portent beaucoup mieux que les sites parisiens et il y a un dynamisme incroyable en régions.

Elisa Givaudan | Vous parlez du développement de Startway en régions. Quelle place donnez-vous aux villes moyennes dans cette stratégie d'implantation ?

Grégory Ortiz | L'objectif de Startway d'ici 5 à 6 ans, c'est d'avoir entre 100 et 200 lieux sur l'ensemble du territoire français. L'idée est d'avoir un maillage le plus fin possible. Aujourd'hui, nous sommes sur des villes type Lille, mais on est aussi à Dijon, aussi à Arcachon et à Poitiers. On est au Haillan, qui est en périphérie de Bordeaux. Nous, notre stratégie d'être en centre-ville, c'est aussi une demande. Ça fait partie aussi de la politique de redynamisation des centres villes. Je pense qu'on a notre rôle à jouer en tant qu'entreprise, entrepreneur, d'aller redynamiser ces centres villes, mais aussi en périphérie, qui permettent d'offrir une alternative à un travailleur ou une entreprise qui à un moment donné a besoin d'aller en centre-ville, à un moment donné a besoin de rester en périphérie. Puis ça rentre aussi dans l'empreinte carbone, dans fluidifier les axes de circulation des villes. On s'inscrit un petit peu dans cette composante territoriale qui est assez vaste, mais qui est passionnante puisqu'on est un acteur au cœur de ce sujet. Ça répond effectivement à des entreprises qui ne souhaitent plus passer du temps dans les bouchons pour aller dans le centre-ville de Bordeaux. Je pense que la périphérie, en tout cas avec l'impact du COVID et l'éloignement, en tout cas la recherche du cadre de vie plus apaisé ou plus apaisant, fait qu'il y aura sûrement une place à prendre en périphérie pour des travailleurs qui vont vouloir se poser pas trop loin de leur domicile.

Elisa Givaudan | Quelles sont vos convictions quant à la manière dont devrait s'organiser une entreprise en termes de temps de travail, par exemple télétravail, distantiel, présentiel ?

Grégory Ortiz | Je pense qu'il est certain que le télétravail a impacté les organisations. Aujourd'hui, la tendance qu'il y a en tout cas nous, ce qu'on voit, sur l’impact COVID et ce fameux télétravail : il y a donc un rétrécissement des sièges sociaux. Là où vous aviez des métiers qui étaient plutôt des métiers destinés à de la production au sein de sièges sociaux. Vous alliez avant vous réunir ou faire ce qu'on appelait des sessions collaboratives à l'extérieur du siège social. Je crois que c'est en train de s'inverser. Les entreprises se sont rendu compte que le télétravail permettait de faire des fonctions de production à distance. Par contre, la culture d'entreprise, l'appartenance à la société, c'est un vrai danger du télétravail. Donc, les entreprises, en tout cas, c'est le discours qu'on a et qu'on reçoit aussi de certains clients qui s'interrogent, c'est que le siège social va devenir un espace beaucoup plus collaboratif où on va traiter la culture d'entreprise. Le lieu où on va travailler va être différent. On va se réunir et être collaboratif et je vais pouvoir travailler ailleurs de façon un peu plus autonome pour produire. On n'est pas tous égaux vis-à-vis du télétravail. Si vous êtes dans 10 mètres carrés ou 50 mètres carrés, si vous avez de la fibre ou pas de fibre. Donc, je pense qu'à un moment donné, le tout télétravail sera compliqué. Par contre, de permettre aux salariés de travailler une journée par semaine ou deux jours ou trois jours ailleurs, et ça peut être du télétravail à domicile, mais aussi en tiers lieux. Et pour le coup, je milite pour nos formules parce que le salarié va retrouver un cadre de travail, de la sociabilisation et tout ce qu'il a besoin quand il n'est pas au sein de son siège social.



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