Dardaillon et Mas de Baguai : Lunel en quête de nouveaux fonciers

Malgré des opposants aux projets, et des contraintes réglementaires de plus en plus lourdes, la communauté de communes du Pays de Lunel veut faire aboutir deux nouvelles zones d’activités. Des projets vitaux pour accompagner les projets des entreprises.

lire l'article Œil Arthur Loyd Montpellier 2024

Rencontre avec Jean-Pierre BERTHET - Vice Président de la communauté d'agglomération Lunel Agglo

 

Entre le Zan (Zéro Artificialisation Nette), les compensations environnementales et une association d’opposants, faire aboutir des projets de nouvelles zones d’activités économiques relève du tour de force. Jean-Pierre Berthet, vice-président de la communauté de communes du Pays de Lunel (qui est passée en communauté d’agglomération au 1er janvier - Lunel Agglo - 51 849 habitants), le vit à propos de la zone du Dardaillon, située à la limite de Lunel-Viel, et du site du Mas de Baguai, prévu à la sortie de l’autoroute A9. L’OEil fait le point sur l’avancement de ces deux dossiers. 

 

Dardaillon : concertation publique pour la Déclaration d’utilité publique valant mise en compatibilité du PLU

Prévue sur 12 ha, la zone du Dardaillon est entrée en phase de concertation sur la mise en compatibilité du PLU. Cette phase démarre le 6 novembre. La zone doit accueillir à terme 30 à 50 entreprises et créer entre 250 et 300 emplois, principalement des artisans, des activités de production et de la petite industrie. Certaines activités seront interdites (logistiques, transport, etc). « Nous insistons sur le respect de l’environnement, avec la mise en oeuvre de mesures de compensation de 30 ha sur au moins 30 ans au titre des espèces protégées identifiées sur le site. Par ailleurs, l’orientation exemplaire de la zone amène la communauté de communes à prendre en compte la gestion de la biodiversité sur le site, la plantation d’arbres favorisant la diversité, les mobilités douces avec l’aménagement de postes cyclables et la desserte par les transports en commun, etc. », détaille l’élu. La zone du Dardaillon va accueillir des bâtiments collectifs qui pourront accueillir plus d’entreprises, dans des ateliers avec bureaux, sur des superficies modestes. Le but est de répondre aux demandes des entreprises locales qui souhaitent se développer et créer des emplois. L’idée est de sortir d’une logique « 1 parcelle = 1 entreprise », pour maximiser le foncier. La communauté de communes est épaulée par l’Arac Occitanie pour conduire les études préalables. « Nous espérons recevoir les autorisations administratives nécessaires au plus tard fin d’année 2024 », complète Jean-Pierre Berthet. Zone du Dardaillon à Lunel ©Atelier AJA 

 

Mas de Baguai : un projet revu à la baisse

Lidl vient d’abandonner son projet de transfert-extension de plateforme logistique sur le site du Mas de Baguai, face à l’activisme de l’association d’opposants Vive Garrigue. L’enseigne de hard discount, qui emploie 250 salariés à Lunel sur son site actuel, prévoyait 50 recrutements sur ce nouveau site idéalement situé, en sortie de l’autoroute A9. « La direction a renoncé, car elle ne veut pas de conflit. Lidl va se contenter de sa plateforme actuelle », confie Jean-Pierre Berthet. Résultat : au lieu d’avoir 50 salariés en plus, la plateforme de Lunel va en compter 50 en moins, « avec le transfert de salariés vers le nouveau site de Beaucaire, dans le Gard ». L’intercommunalité lunelloise veut toujours créer une zone d’activité en sortie d’autoroute, sur une surface à définir, entre 15 à 20 ha. Alors que le Scot est attaqué devant le tribunal administratif par Vive Garrigue, une opération de médiation est en train de se mettre en place. « On ne veut pas enflammer le débat, mais on aimerait bien aboutir », résume l’élu. Face à ces enjeux d’attractivité économique, le passage en communauté d’agglomération, au 1er janvier 2024, « est un outil pour aider les maires à sortir de leurs contraintes. Beaucoup de compétences sont regroupées à l’agglomération, ce qui nous donne plus de moyens. Pour l’instant, il y a deux agents au service développement économique : c’est trop peu ».

Autre sujet, la requalification des zones d’activités existantes. Un sujet majeur : le foncier devient de plus en plus rare et les demandes des entreprises se font pressantes dans ce territoire stratégique entre Nîmes et Lunel. Un diagnostic des potentialités a été lancé sur 5 zones (Levant, Fournels 1 et 2, Roucagnier, Luneland). « Nous allons choisir une de ces zones pour commencer, en fonction du potentiel de foncier supplémentaire à offrir aux entreprises et cela va nous amener à réfléchir à quelles activités économiques sont adaptées et pertinentes dans ces espaces. L’objectif est notamment de supprimer le logement dans les zones d’activités qui parasite les activités économiques. Les logements peuvent représenter jusqu’à 25 % du foncier occupé, car les entrepreneurs avaient pris l’habitude de construire leur habitation à côté de leur entreprise. »

 

Les ambitions de Lunel Agglo 

Passée communauté d’agglomération au 1er janvier 2024, Lunel Agglo (le nouveau nom de l’EPCI, succédant à l’ex-Pays de Lunel) est idéalement situé : entre Montpellier et Nîmes, desservi à la fois par l’autoroute A9 et l’axe ferroviaire. Ce qui place la cité pescalune à seulement 15 mn des capitales héraultaises et gardoises. « Ici, la ville du quart d’heure existe vraiment. C’est ce qui permet à Lunel de retrouver une place sur la carte », explique Véronique Michel, adjointe au maire de Lunel déléguée à la stratégie urbaine. Selon elle, la gare, transformée en pôle d’échanges multimodal, est une « nouvelle entrée de ville ». Le maire, Pierre Soujol, également président de Lunel Agglo, entend créer une offre tertiaire et de coworking dans ce secteur-clé. 

« Lunel est aussi attractif sur le plan touristique : pont romain Ambroix, musée Ambrussum, tourisme vinicole... soutient Jérôme Boisson, 1er vice-président de Lunel Agglo. Preuve en est, la recette de la taxe de séjour est passé de 200 000 € en 2019 à 300 000 € en 2023. Le Lunellois compte 200 professionnels du tourisme, représentant environ 500 emplois. Au point fort, l’agriculture, avec 1 500 emplois. Et de belles réussites entrepreneuriales, telles qu’Espacio Groupe (construction et architecture), Amiratrans (logistique) ou BIO-UV Group (traitement de l’eau). L’avantage du passage en communauté d’agglomération : « Pouvoir exister entre Montpellier et Nîmes, percevoir davantage de dotations de l’État et monter directement des dossiers européens », conclut Jérôme Boisson.

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